Les rouages les plus internes des
deux corps nus se mettaient en branle. Les poumons s’activaient bruyamment et des
litres de sang affluaient – sous la pression du cœur et de ses palpitations
frénétiques - aux extrémités en éveil. La mutation de ces systèmes anatomiques
devenait de plus en visible ; les éléments s'activaient pour perdre leur
froid métallique et se laisser gagner par une chaleur croissante. D'abord
apparurent des zones de vasodilatation au niveau des joues, des torses et des
cous. Rouges, ses mamelons à elle le furent vite, quand, dans le même temps,
ils se durcissaient ; sa poitrine gagnât en volume tout comme son sensible
clitoris et les labia minora de son
orifice. Alors qu'elle ne pouvait ignorer la dynamique érectile de son pénis à
lui, les parois de son vagin se couvrirent de leur liquide lubrifiant,
parachevant ainsi leur possible complémentarité physique.
Enfin s'observait l'activité
dynamique du dispositif. Après une initiale pénétration liturgique, l'action
mécanique de ce vérin organique, chaud de circulation sanguine et de
contractions musculaires, développée par les mouvements répétitifs du piston
dans son cylindre allait bon train. Malgré la lubrification interne toujours
plus importante de l'élément féminin, à la recherche d'une activité prolongée,
les frictions de son pénis contre les parois de son vagin se faisaient
ressentir dans ces zones sensibles, riches de récepteurs aiguisés. Les sons
répétés qu’elle laissait machinalement échapper résonnaient avec les mouvements
d’épaules et de hanches qu’il lui infligeait, réglés sur une même fréquence
bancale. Progressivement, le va-et-vient gagnait de rythme et d'intensité,
provoquant un inévitable échauffement des systèmes accouplés : elle, grisée, à
la lucidité déclinante et lui, perdu dans la lutte vaine du cérébral contre le
sensitif.
Traîtresse, la résolution attendue
vers laquelle ne pouvait que tendre cet emballement apparent de la machinerie
anatomique fût brusque, froide et solitaire. Elle prit, chez lui seulement, la
forme de rapides et intenses contractions des muscles pelviens ainsi que de divers
spasmes musculaires incontrôlés. Son éjaculation, seul événement réellement
notable, s'accompagna de vagues d'un plaisir modéré qui lui traversèrent le pénis et les lombes,
pour que rapidement les quantités de sperme relarguées perdent en importance,
elle se contentant du rôle d’un stérile réceptacle. Sans attendre, le retour à l'équilibre s'amorçait. Déjà les
corps avaient froid et la relative excitation qui les avait pris retombait
aussitôt. Leurs organes sexuels respectifs retrouvèrent progressivement leur
aspect premier, ne restant alors
plus qu'à dissocier ce couple dont la complémentarité somatique un temps
parfaite semblait maintenant aberrante, voire même tout à fait grotesque.